Audit de la CENI comorienne

Un exemple à suivre pour Madagascar

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Un exemple à suivre pour Madagascar

3 membres de la Commission électorale nationale indépendante des Comores ainsi que le président de cette Commission sont en détention préventive. Ils sont suspectés avoir détourné 300 000 euros suite à un audit effectué sur place par la Cour des Comptes. Ce cas peut servir d’exemple à Madagascar si le pays veut réellement devenir un Etat de droit.

Samedi dernier, le Dr Djaza, Président de la CENI, la Commission électorale nationale indépendante des Comores,  le secrétaire général ainsi que deux commissaires électoraux ont été placés en détention préventive suite à un audit effectué par la Cour des Comptes. Celle-ci a fait ressortir la disparition de 153 millions de francs comoriens soit 306 000 euros de la caisse de la CENI des Comores, après les élections législatives de 2015. Selon les informations disponibles, le gouvernement est prêt à poursuivre les investigations. La justice comorienne a affirmé que quiconque a détourné des fonds publics, ne peut bénéficier d’aucune sorte de protection. En d’autres termes, les Comores s’acheminent bel et bien vers la mise en place d’un véritable Etat de droit où nul ne peut jouir d’une quelconque impunité quelles que soient ses fonctions ou ses responsabilités.

Ce cas de cette toute voisine île sœur, nous interpelle et peut servir d’exemple concernant notamment les dernières élections législatives et présidentielles qui ont eu lieu à Madagascar. De nombreuses plaintes et réclamations ont été déposées par les différents partis politiques qui avaient participé à ces élections. Mais elles sont jusqu’à maintenant restées lettre morte. Toutes ces  plaintes  concernant les abus de pouvoir, les détournements de vote et bien d’autres faits sujets à contentieux électoral ont-elles été jetées aux oubliettes? Pour rappel, l’an dernier, un acte a fait couler beaucoup d’encre : le décaissement de 376 millions ariary des comptes de la CENI   fait par la Présidente de cette commission de l’époque Attalah Béatrice, une année après sa nomination en tant que ministre des affaires étrangères.

Des cas douteux de ce genre ont poussé les partis politiques à demander un audit de la CENI-T. Selon nos sources, les bailleurs de fonds ont procédé à un tel audit mais force est de constater qu’à l’heure actuelle, aucun résultat de cet audit n’a été porté à la connaissance du public. Le parti MMM, Malagasy Miara Miainga, au cours d’une table ronde avec l’Union européenne le 6 octobre dernier, a demandé un audit de la CENI-T qui devrait porter notamment sur les pratiques pré-électorales, électorales et post-électorales, l’utilisation des fonds et matériels ainsi que sur  la conduite des agents et membres de la CENI-T, dont la présidente qui a quitté son poste pour devenir ministre.

Le cas des Comores est une leçon à retenir. Personne n’est au-dessus de la loi. Cela exige une volonté politique sans faille qui inclut notamment l’indépendance de la justice une fois celle-ci épurée. C’est le chemin qui mène vers l’Etat de droit.