Décaissement opaque de la CENI-T

Des arguments fallacieux

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Des arguments fallacieux

La CENI-T a finalement réagi à travers un communiqué suite à l’affaire de décaissement de près de 2 milliards de Fmg auprès d’une banque privée par la ministre des affaires étrangères Béatrice Attalah. Les arguments avancés ne convainquent personne, un flou total plane toujours autour de cette affaire. La conduite d’un audit au niveau de cette structure s’avère nécessaire.

« L’ordonnancement des dépenses du budget de la CENI-T, au titre des élections communales et municipales de l’année 2015, relève de la compétence exclusive du Président de la CENI-T par intérim. Toutefois, compte tenu des circonstances exceptionnelles liées à la nomination de la Présidente de la CENI-T à la fonction de membre du Gouvernement, la procédure tendant à exiger la co-signature du Président élu et de l’un des deux vices Présidents pour l’utilisation d’un compte considéré comme «un filet de sécurité » pour la prise en charge, en cas de besoin, des dépenses électorales, a été maintenue ; et ce, à la demande de l’Assemblée Générale de la CENI-T ». Tel est la teneur du communiqué publié hier par la CENI-T suite à l’affaire de décaissement opaque d’argent d’une banque privée de la capitale.

Il n’est mentionné nulle part dans le communiqué donc que la ministre des affaires étrangères Béatrice Attalah a une quelconque fonction au niveau de la CENI-T pour cosigner un quelconque document budgétaire. Comme précisé dans le communiqué, cette co-signature est du ressort du président élu et l’un des deux vice-présidents. D’autant plus, l’ancienne présidente, ayant déjà effectué une passation de service en bonne et due forme, a déjà été nommée à la tête d’un département ministériel. L’argument avancé par la CENI-T, qui se targue d’être « une structure nationale indépendante » ne tient pas la route. La passation de service ayant déjà été effectuée, Béatrice Attalah ne peut, même à la demande de l’Assemblée Générale, être à la fois ordonnateur principal à la CENI-T et ordonnateur principal au sein du ministère des affaires étrangères.

Si l’on fait un raccourci et un parallèle, un ancien Président de la République ne peut plus cosigner des documents comptables de la Présidence de la République même si c’est le secrétariat général de la Présidence ou la majorité des députés de l’Assemblée Nationale le demande expressément. La présence d’un commissaire général du gouvernement et l’assistance de la Cour des Comptes ne constituent pas la garantie que la somme décaissée sera utilisée à bon escient. Si tel avait été le cas depuis des années, le pays ne se serait pas là où il est actuellement. L’opinion publique se demande actuellement pourquoi cette affaire est minimisée par les responsables concernés ? Une somme de près de 2 milliards de Fmg a quand été décaissée de façon opaque. Est-ce parce que l’actuel numéro Un de la diplomatie malgache a joué un rôle primordial lors de la dernière présidentielle que cette affaire est minimisée jusqu’à ce que l’oubli emporte l’opinion publique ? C’est tout le temps le cas lorsqu’un haut responsable étatique est concerné dans une affaire sordide de derniers publics. Mais quand il s’agit d’un délit commis par un simple citoyen, outre le mandat de dépôt systématique, la sentence des tribunaux est lourde.