Défense de tomber malade !

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Le retour précipité du Premier ministre malgache au pays aux aurores d’hier a remis sur le tapis les questions relatives à sa maladie, les coûts des soins qui lui ont été prodigués, ainsi que son état de santé en général le rendant apte ou non à continuer à occuper sa place à Mahazoarivo. Le Premier ministre se dit donc en pleine santé et  entend rester en fonction, coupant ainsi court aux rumeurs quant à sa démission. Il a d’ailleurs longuement disserté sur les raisons de son déplacement ainsi que le financement de ses soins. Il a donc fait savoir qu’il dispose d’une assurance santé au niveau international et que ça aurait été dommage de ne pas en profiter. De même, son statut de rotarien aurait également joué pour beaucoup dans l’histoire, lui ayant permis d’accéder à certains privilèges.

Soit, le Premier ministre évite de parler de l’implication financière de l’Etat dans son déplacement, même s’il a laissé entendre que c’est le Président de la République lui-même qui l’a « envoyé » se faire soigner dans l’Hexagone. Il a vite compris que cela aurait été fortement déplacé, transparence ou pas. Il est bien placé pour savoir que les caisses de l’Etat ne sont pas vides pour lui et ses pairs mais elles le sont définitivement pour le reste de la population. En effet, si les grands de ce pays peuvent se permettre des soins coûtant des milliards, la population s’interdit tout bonnement de tomber malade car le risque d’en mourir est fortement élevé. Se soigner n’est plus à la portée de n’importe qui, nombreux sont ceux qui meurent dans les couloirs de nos hôpitaux publics car ne disposant pas de quoi payer le traitement. Même les fonctionnaires tributaires auparavant de la prise en charge, seul grand avantage du fonctionnariat, doivent actuellement s’en passer. Aucune des institutions médicales et hôpitaux partenaires n’accepte plus les prises en charge des fonctionnaires faute d’impayés trop importants. Alors qu’on se le dise, il y a désormais deux catégories de Malgaches, ceux qui peuvent tomber malades et se payer des soins exorbitants, et ceux pour lesquels, tomber malade signifie la mort.