Des magiciens d’oz

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Outre les attaques des dahalo, les barrages des routes nationales et la disparition de 12 tonnes de cristal dans les locaux d’un ministère qui font couler beaucoup d’encre en matière d’insécurité dans la Grande Ile, il est une nouvelle qui vous fait glacer le sang en un quart de seconde. Près de 150 rondins stockés à la gendarmerie d’Ambilobe ont été tout simplement subtilisés, comme par enchantement. Ils n’ont pas complètement disparu, ils ont été tout bonnement remplacés par des rondins de bois dit « Bonara » sous la barbe des gendarmes.

Les faits sont simples, le comité interministériel, sous la houlette de la primature, en charge de l’assainissement de la filière bois de rose a procédé à l’inventaire des stocks de bois de rose. Lors du passage du comité à Ambilobe, le pot aux roses a été découvert. Sur les 450 rondins saisis et stockés à la gendarmerie d’Ambilobe, 150 rondins sont des pseudo-bois de rose. Ils sont en fait des bois de bonara lubrifié avec de l’huile de vidange pour lui donner un aspect de bois de rose ayant pris de l’âge. Il ne faut pas avoir un Q I élevé pour faire la reconstitution des faits.

Des individus bien placés, bien rembourrés, bien entourés et bien protégés ont fait main basse sur les vrais bois de rose. Pour cacher leur méfait, pour éviter que le vol soit flagrant, ils ont été très inventifs. Remplacer le vrai par un faux, comme dans les films policiers ou les voleurs fabriquent un faux pour remplacer le vrai tableau ou le vrai œuf de collection. C’est du très grand art de la part des malfaiteurs qui méritent quand même un petit applaudissement. Mais comme le crime parfait n’existe pas, un jour ou l’autre, tout remontera en surface et tout finira pas se savoir.

On dit tout qu’à chaque opportunité comme celle-là, c’est l’occasion ou jamais pour les dirigeants de faire peau neuve. Ils ont là à porter de main une situation où ils doivent montrer l’exemple en matière de trafic de ressources naturelles. Rechercher les auteurs, les juger et prononcer la sanction adéquate et ce en toute transparence. S’ils n’ont pas une idée de ce que c’est, pourquoi ne pas faire du copier coller de l’exemple chinois où le Président entame une lutte acharnée contre ce qu’il dit « les tigres et les mouches » en matière de corruption qui gangrène le pays du soleil levant.

Mais au vu de la situation dans le pays, il est quasi impossible que la lumière soit faite sur cette affaire. Incriminer des forces de l’ordre relève presque du surnaturel. On évite même d’évoquer la situation des magistrats qui sont humains à part entière, des individus non justiciables. Les voleurs d’oignons, de légumes et poules, pour des raisons purement alimentaires, finissent tabassés dans les locaux des forces de l’ordre, voire même emprisonnés pour un certain temps. Mais plus l’infraction est grande, plus les responsables rechignent à enclencher la machine judiciaire. Des intérêts qui s’imbriquent les uns contre les autres sont en jeu.