15 maires destitués. La liste peut s’allonger jusqu’à ce jour où le Conseil d’Etat statuera sur toutes les demandes qu’elle a enregistrées. Pour les acteurs politiques, les sénatoriales organisées à la hâte ne sont pas démocratiques. Le futur Sénat ne sera pas représentatif de toutes les collectivités territoriales décentralisées.
Les maires et les conseillers municipaux sont les seuls et uniques grands électeurs des élections sénatoriales du 29 décembre prochain. Pourtant, la liste électorale n’a pas été arrêtée de façon définitive jusqu’à présent. Le Conseil d’Etat ne cesse de destituer des maires élus suite aux recours dont il a été saisi. A la date d’hier, 15 maires ont été destitués. Cette liste risque pourtant de se prolonger. Le Conseil d’Etat a jusqu’au 22 décembre pour statuer sur tous les dossiers. Mais les magistrats en son sein multiplieront les efforts pour statuer sur les dossiers restants ce jour. Ceci afin de permettre à la CENI, commission électorale nationale indépendante, d’arrêter définitivement la liste électorale.
Ces destitutions de maires élus sont mal vues des électeurs et de l’opinion publique. D’une part, certains n’arrivent pas à cerner les tenants et aboutissants de ces destitutions. Comment un maire élu par la majorité des électeurs dans sa circonscription est-il tout simplement destitué du jour au lendemain alors qu’il a déjà pris ses fonctions ? Certains entrevoient à travers ces actions un non-respect du choix des électeurs. De l’autre, certains dénoncent une manœuvre dilatoire de la part du régime en place pour verrouiller les sénatoriales. Destituer des maires par ici, remercier des maires par là, et hop, le tour est joué. Soit le parti au pouvoir rafle la mise, soit il tacle son adversaire qui n’arrivera plus à faire élire sa liste de candidats.
Face à ces sénatoriales organisées à la hâte, les organisations de la société civile montent au créneau. Pour le KMF/CNOE, il est plus prudent de reporter celles-ci dans le but de changer les règles du jeu électoral. Pour avoir des élections dont les résultats seront reconnus par tous les acteurs, il faut que les participants se mettent d’accord sur les règles du jeu, en l’occurrence la mise en place d’un bulletin unique au niveau de chaque district. Mais l’idéal est de reporter sine die ces sénatoriales après l’organisation des régionales et des provinciales. Puisque les grands électeurs ne sont que les maires et les conseillers municipaux, dont la liste des électeurs se rétrécit davantage, le futur Sénat ne sera donc pas représentatif de toutes les collectivités territoriales décentralisées. Les régions et les provinces n’y seront pas représentées. En somme, ces sénatoriales constituent un coup bas contre la démocratie.