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Qui décide?

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Qui décide à Madagascar ? le pouvoir légal ou les bailleurs de fonds, s’interroge le SEFAFI ou l’observatoire de la vie publique dans son dernier communiqué. Ce dernier déplore qu’au lieu de satisfaire les attentes de la population, les initiatives ou les décisions prises par l’Etat visent plutôt à répondre aux exigences des bailleurs de fonds.

Si le FMI demande la maîtrise, puis la réduction, des transferts aux entreprises publiques telles que la JIRAMA, le ministère des Finances fait savoir que la situation désastreuse de la JIRAMA provient essentiellement de la gabegie et de la corruption…..Si le Fonds Monétaire International demande l’accroissement des recettes fiscales, la loi de finances 2017 verra l’introduction de nouvelles taxes, comme la taxe de résidence pour le développement et la taxe sur les animaux domestiques, précise le SEFAFI dans son dernier communiqué. Cela pour illustrer le fait que les dirigeants se soumettent aux exigences des bailleurs de fonds.

Réagissant à la déclaration faite le 28 Octobre dernier par la Country Manager de la Banque mondiale, le SEFAFI souligne que les priorités du pays ne deviennent acceptables qu’à partir du moment où elles sont avalisées par la Banque mondiale. Ainsi sans l’incitation du FMI et des bailleurs, le gouvernement actuel ne prioriserait pas une gouvernance économique très rigoureuse. Pour l’observatoire de la vie publique donc, le régime n’est pas véritablement maître de notre destin collectif.

 Sur le plan politique, après que le mouvement Mitsangana ry Malagasy ait réclamé le départ du Chef de l’Etat et la tenue d’élections anticipées,  la Représentante spéciale de la Commission de l’Union Africaine a sommé le 30 août 2016 les Malgaches de renoncer à toute idée d’élection présidentielle anticipée, au prétexte que l’Union africaine s’y oppose, ajoutant que le pays n’a pas l’argent pour l’organiser. Pour le SEFAFI, l’UA s’arroge le droit de décider du destin de Madagascar, quoi qu’en pensent les Malgaches. Raison de plus pour l’observatoire de la vie publique de réitérer l’interrogation : qui décide, à Madagascar : le pouvoir légal ou les bailleurs de fonds?

Reste à savoir si la conférence des bailleurs qui se tiendra à Paris les 1er et 2 décembre prochains, apportera les 3,4 milliards de dollars recherchés pour financer les divers projets de mise en œuvre du Plan national de développement, poursuit le SEFAFI. Et d’ajouter que l’histoire récente de la Grande Ile, depuis le « programme d’ajustement structurel » des années 1980 à la suite de la gestion économique calamiteuse du président Ratsiraka jusqu’à la fin de la Transition de 2009-2013, montre à l’envie que le pays n’a guère été consulté par les « bailleurs de fonds ». D’ailleurs, aucun des régimes successifs n’a présenté de projet cohérent et concret de développement économique et social, et aucun d’entre eux n’a engagé des actions suivies pour améliorer les conditions de vie de la population, conclut le SEFAFI. À preuve, les dirigeants actuels se complaisent dans des mesures ponctuelles, démagogiques et électoralistes, faute de vision économique à court, moyen et long termes.