Festivités sur fond de crasse

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Après que le reste des Malgaches ait célébré  les festivités de la Nativité et du nouvel an tant bien que mal, dans une sobriété exigée par la nécessité, dans la pluie et la grisaille, faits de la nature, il est temps maintenant pour les gens d’en haut de se prêter au jeu. Et quel jeu, presque 2000 invités et une centaine de millions d’Ariary pour se goinfrer le temps d’une journée, ce n’est pas rien. Rien à avoir avec le « noely an- trano bongo mangingina » de la majorité des Malgaches, qui ont fait preuve de trésor d’ingéniosité pour joindre les deux bouts et mettre les petits plats dans les grands. Le seul point commun est que tout ce monde en apparat ne pourra pas éviter de passer devant les montagnes d’ordures qui jonchent toutes les rues de la capitale. A moins de faire des grands détours, il est impossible pour eux de faire une impasse sur ces « richesses nationales ».

On sait déjà que honte et inhibition ne font définitivement pas partie du vocabulaire des tenants du régime actuel mais là c’est le pompon. Demain donc, les grands de ce pays vont faire la fête aux côtés des représentants des chancelleries étrangères établies à Madagascar. Ceux qui savent pertinemment l’état d’insalubrité totale dans lequel se trouve la ville des Milles parce qu’ils passent devant tous les jours afin de regagner leur résidence de luxe situées dans les plus beaux quartiers de Tana. Par la faute de qui déjà ? On ne sait plus puisque comme à l’accoutumée, aucun des « responsables » ne veut être responsable et se contente indéfiniment à se passer la patate chaude pendant que les tonnes d’ordures s’empilent chaque jour que Dieu fait. On ne sait plus combien il faudra avancer pour se débarrasser de ces ordures, tellement de chiffres ont été émis, mais en tout cas, 100 millions d’Ariary aurait été utilisés plus à bon escient s’ils avaient été octroyés pour essayer d’endiguer le problème que pour garnir le ventre déjà bien rempli d’une poignée de personnes. Mais bon, d’ici à ce que tout ce beau monde renonce à se goinfrer juste pour que les Tananariviens puissent respirer un air moins chargé en immondice, on peut toujours se brosser. Aussi donc, festivités auront lieu à Iavoloha, contre vents et marées et sur fond de crasse et d’ordures pestilentielles, bon appétit !