Sous prétexte d’indépendance

La CENI snobe l’Assemblée Nationale

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Sous prétexte d’indépendance

L’institution dirigée par Hery Rakotomanana a snobé hier la convocation des députés. Le ministre de l’intérieur, Olivier Solonandrasana Mahafaly, quant à lui s’est caché derrière la tenue du conseil des ministres. Un bras de fer qui risque de se terminer dans la cour de la HCC est engagé entre la CENI et l’Assemblée Nationale.

Face au risque élevé de contestation des résultats des élections sénatoriales du 29 décembre prochain, les députés ont décidé d’inviter la CENI et le ministre de l’intérieur, Olivier Solonandrasana Mahafaly, pour une discussion. L’objet de la rencontre était la possibilité d’une mise en place d’un bureau de vote unique avec une urne unique au niveau de chaque district. Mais comme il fallait s’y attendre, les invités de l’Assemblée Nationale ont snobé la rencontre.

La CENI a envoyé une lettre d’excuse pour repousser l’invitation de l’Assemblée Nationale, représentant le Peuple. Elle avance l’article 6 de la loi la régissant comme motif : « La CENI n’entretient aucun lien hiérarchique avec les autres institutions de l’Etat. Elle est autonome, dans la prise de décision qui rentre dans le cadre de l’exercice de ses attributions (…) Ses membres ne reçoivent aucune instruction dans l’exercice de leurs fonctions, ni ne sollicitent d’instruction, d’ordre ou d’injonction d’aucune autorité publique, privée ou politique ».

L’institution en charge des élections se cache ainsi derrière un juridisme à sens unique. Or, s’agissant des élections, une matière politique, elle ne devrait omettre aucun débat politique de quelque manière que ce soit pour mettre les acteurs politiques sur un même pied d’égalité. L’objectif étant toujours d’organiser des élections démocratiques dont les résultats ne doivent souffrir d’aucune contestation de quelque forme que ce soit.

Ce refus d’avoir un face à face avec la chambre basse soulève ainsi de nombreuses questions. Que cache la CENI qui brandi son indépendance ? Veut-elle éviter de donner raison aux députés à l’approche des élections sénatoriales où les grands électeurs sont courtisés de toutes parts ? En tout cas, il s’agit d’un camouflet de la part de la CENI à l’endroit de l’institution qui l’a enfantée.

Un bras de fer qui risque de faire couler beaucoup d’encre est né suite à cet affront de la part de la CENI. Même le président de la chambre basse a essayé de calmer le jeu, une réunion à huis clos a eu lieu à Tsimbazaza. La motion de censure contre le gouvernement Ravelonarivo revient de ce fait sur le tapis. Par ailleurs, de nombreux députés veulent monter cette affaire auprès de la HCC. Plus précisément, des députés veulent introduire une requête auprès de la cour d’Ambohidahy aux fins d’interprétation de la question d’indépendance de la CENI et ses relations avec les autres institutions dont l’Assemblée Nationale.