Un silence d’or

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On ne sait plus quel adjectif attribuer à la situation sociopolitique et économique actuelle à Madagascar. Cocasse ? On me dira qu’il n’y a vraiment pas de quoi rire. Inquiétant et alarmant, on dira que je suis trop pessimiste et alarmiste. Comme on avait de coutume de dire au temps des communistes qu’il n’y a pas de meurtre au paradis, on dira qu’il n’y a rien d’alarmant au pays du  moramora . Mais même si on voudrait bien se complaire dans cette dernière idée, il y a vraiment de quoi s’inquiéter pour tous ceux qui espèrent encore léguer quelque chose à leurs enfants sur ce bout de terre.

Il  faut  croire en effet que ce qui arrive avec les îles éparses, la spoliation de terre, commence à toucher de plus en plus de simples citoyens. Il semblerait actuellement que derrière plusieurs cas de litige foncier, la Seimad soit au cœur du problème, se trouvant du jour au lendemain et avec une procédure incroyablement expéditive, propriétaire de tous les terrains qui vaillent la peine dans la capitale, et qui sait, partout à Madagascar. Au vu de tout ce qui circule sur la toile, la crainte de voir les terrains non pas exploités pour des constructions d’utilité sociale et publique mais plutôt à nouveau à des fins de  spéculations gagne à nouveau les esprits. On ne comprend pas le silence absolu de celui qui se trouvait être le Directeur général de cette société auparavant et qui se trouve actuellement à la tête de l’Administration.

Quant aux îles éparses, on attend toujours la réaction présidentielle après la déclaration sans ambages de la représentante de la chancellerie française à Madagascar quant à la propriété de ces îles. Une affirmation qui en a touché plus d’un, qui en a vexé d’autres car pour un peu, les propos de la dame, si on enlevait toute la diplomatie dont ils ont été affublés, se traduisait comme suit : «  les îles éparses sont françaises, ça y est c’est dit, et maintenant, vous allez faire quoi ? ». La question en fait, on se la pose tous, oui, nous allons faire quoi ? Le président de la République, particulièrement éloquent pour menacer ou pour vanter les  réalisations que le régime a accomplies jusque- là, est suspicieusement silencieux. Il est tout à fait normal que les gens pensent que si l’ambassadeur a pu parler ainsi sans aucune forme d’ambigüité, c’est que ces îles ont déjà fait l’objet d’une transaction secrète et pour savoir qui en a profité, il faut tendre l’oreille du côté de ce silence d’or.

Par contre, on s’accorde bien à dire que le Président de la République a perdu une occasion en or de se taire lorsqu’il a promis que le délestage allait s’alléger considérablement avant de disparaître définitivement à partir de mercredi dernier. S’il avait gardé le silence comme il choisit de le faire dans certains cas bien précis, il ne serait pas aujourd’hui, une fois de plus, une fois de trop, la risée de toute la population. Lorsque le lendemain de votre promesse comme quoi le délestage va disparaître, chaque ménage est frappé d’une coupure de 6 heures par jour, vous ne pouvez pas éviter que la population pense que le Chef de l’Etat continue de biaiser. Le Chef de l’Etat était-il convaincu de ce qu’il avançait ? Etait-il décalé par rapport aux réalités à force d’écouter les assertions fallacieuses de son entourage ?  En plus d’apprendre à reconnaître les discours plagiés qu’on lui tend, le président de la République devrait aussi apprendre à choisir les occasions où il devrait ne rien dire et celles où il devrait être intarissable.