Une justice injuste

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Depuis des décennies, le monde de la justice traverse une zone de turbulences  de corruption et de trafic d’influence. Des beaux discours ont été prononcés, de nombreux ateliers ont été organisés, des conférences  tenues, des RRI (Rapid Result Initiative) simulés mais rien n’est fait. La justice figure en pôle position en matière de corruption à Madagascar. Et l’on passe des trafics d’influences et autres actes qui demeurent impunis. Actuellement, une autre affaire des plus injustes, selon la famille des victimes, ébranle actuellement le monde des hommes et femmes en toge. Une affaire de viol sur une fillette de 4 ans.

Pour résumer, cette affaire de viol s’est passée dans l’Ile paradisiaque de Nosy Be. Un homme, marié et père de famille a été accusé de viol sur une fillette de 4 ans. Après constat d’un médecin de l’hôpital d’Andilana, les membres de la famille ont décidé de déposer une plainte auprès des autorités compétentes. Après enquête, le suspect a avoué son forfait. Il a alors été placé en détention préventive pendant un mois. L’étonnement et les questionnements étaient à leur paroxysme lorsque les membres de la famille de la victime ont eu vent de la libération du violeur.

Comment a-t-il pu obtenir sa liberté ? Y-t-il eu des éléments nouveaux qui l’ont disculpé ? Quelle pourrait être la suite de l’affaire ? Leur fillette, la victime, et les autres fillettes de l’Ile de Nosy Be sont-elles en sécurité ? Autant de questions qui hantent les nuits des parents dans cette Ile qui attirent violeurs et pédophiles tant nationaux qu’étrangers. Jusqu’à maintenant pourtant, les responsables au niveau de la justice n’ont soufflé mot sur cette affaire. Ils n’ont même pas tenté de laver  leur  toge et de rassurer les citoyens en cette veille des fêtes en disant  que tout est sous contrôle et que cette libération suivait les règles et les procédures en vigueur.

En tout cas, ce genre de libération de violeur n’est pas une grande première à Madagascar. Pour rappel, un violeur de prostituées a régné en toute impunité dans la capitale il y a quelques mois. Arrêté par les forces de l’ordre et trainé devant la justice, il a été libéré après un bref séjour derrière les verrous. Il n’y a plus eu de suite sur cette affaire. Elle a été jetée aux orties jusqu’à ce que l’oubli s’empare des victimes et l’opinion publique. Il en sera de même pour cette affaire de viol sur une fillette de 4 ans à Nosy Be. Le principal a déjà avoué son forfait, il a tenté de faire un arrangement auprès des membres de la famille de la victime qui n’ont rien voulu entendre tout en faisant confiance en la justice. En ce moment pourtant, cette dernière a tourné le dos à ses usagers.

Cette affaire fera tâche d’huile auprès des usagers du service public de la justice. On ne devrait plus s’étonner si les citoyens font justice eux-mêmes. Les vindictes populaires sont les preuves irréfutables de l’inexistence de confiance des citoyens envers la justice et les forces de l’ordre. Au lieu de trainer un individu devant ces institutions étatiques, les citoyens préfèrent régler l’affaire au jour le jour, coup pour coup. Elle  empire ces derniers mois à tel point que c’est devenu normal auprès de l’opinion publique malgré les deux périodes positives  de RRI de 100 jours clamées par le premier ministre et le ministre de la justice. Il ne faut pas se leurrer, l’année prochaine, l’absence de confiance entre justice et usagers s’aggravera. Une autre spirale de justice injuste commencera sa boucle.